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Le pouvoir serbe soupçonné d'avoir utilisé illégalement un canon à son
information fournie par Reuters 02/04/2025 à 12:28

Le bruit n'a duré que quelques secondes, mais il ressemblait, aux dires des manifestants serbes rassemblés à Belgrade le 15 mars dernier pour protester contre la corruption et le gouvernement, à une "puissante machine", à un "grondement" ou à une "vague".

Des milliers de personnes l'ont entendu, la foule massée sur l'un des principaux boulevards de la capitale serbe s'est séparée brusquement et ruée sur les trottoirs.

"Les gens se sont sentis mal, certains sont tombés", témoigne Bozo Prelevic, un avocat.

Depuis, les médias et réseaux sociaux soupçonnent le pouvoir d'avoir utilisé illégalement un canon à son pour disperser la foule.

Le président nationaliste Aleksandar Vucic, déjà confronté au plus vaste mouvement de contestation anti-gouvernemental en Serbie depuis la chute de Slobodan Milosevic au début des années 2000, est sommé d'expliquer l'incident.

Les canons à son (Long-range acoustic devices, LRAD) - utilisés par les Etats-Unis, l'Australie, la Grèce et le Japon - émettent des sons insupportables pour neutraliser leurs cibles. Ils peuvent provoquer maux de tête, nausées et troubles de l'audition.

Après avoir nié en posséder, le ministre de l'Intérieur, Ivica Dacic, a fini par admettre que la police serbe en avait acheté aux Etats-Unis, en 2021. Mais la police, l'armée et les services de renseignement ont par la suite assuré n'en avoir jamais utilisé dans les rues.

Aleksandar Vucic a annoncé ces derniers jours que des agents du Service fédéral de sécurité russe (FSB) et du Bureau fédéral d'investigation américain (FBI) allaient venir enquêter sur l'incident, à sa demande.

La fondation Omega, organisation de défense des droits humains, n'exclut pas qu'un canon à son ait été utilisé mais estime ne pas pouvoir tirer de conclusion définitive des éléments et témoignages récoltés, notamment des images et sons enregistrés par Reuters.

Earshot, ONG spécialisée dans les investigations sonores, juge au vu de ces éléments audiovisuels qu'il pourrait aussi s'agir d'un pistolet à vortex, engin expérimental destiné au contrôle des foules utilisant de l'air ou du gaz comprimé.

L'entreprise américaine Genasys, qui fabrique les canons à son, déclare quant à elle que ces éléments audio et vidéo ne corroborent pas l'utilisation de LRAD.

La géolocalisation des vidéos suggère que la vague sonore a parcouru environ 500 mètres le long de l'avenue.

"La rue s'est vidée, comme Moïse a écarté la mer Rouge", a déclaré Zoran Radovanovic, un épidémiologiste qui manifestait ce jour-là.

(Aleksandar Vasovic, Milan Pavicic, Jean-Stéphane Brosse pour la version française, édité par Blandine Hénault)

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